Et mon Liseron, comment on va le détruire ?

tu t’es vu quand t’as désherbu ?

On le savait déjà, les pesticides c’est pas top pour la santé, on se dit qu’on verra et que le Bio c’est encore un peu cher… Donc à danger invisible, on préfère l’immédiat ! Mais là, cela devient officiel et ce n’est pas que dans nos assiettes ! En plus, il est possible de faire quelque chose sans que cela touche notre portefeuille. Y a plus qu’à alors… Explications.

Au départ, je tombe sur un article assez clair : « Bien qu’on ait du mal à le croire, Monsanto, proprio du Roundup via une filiale, mentait grossièrement : le Roundup craint. Qui le dit ? L’indiscuté Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’ONU qui vient de classer le glyphosate (le Roundup est l’une de ses marques commerciales) « cancérigène probable » (voir ici cet article du 20 mars 2015). Probable, car si cette saloperie est cancérigène – à coup sûr – pour les animaux, on manque pour l’heure d’études sur l’Homme. Mais tous les spécialistes indépendants de l’industrie savent ce que cela veut dire : le glyphosate file le cancer. Entre autres. » (1)

Pour être sûr de ce que je venais de lire, je me penche un peu plus sur le sujet et je vérifie les sources de l’auteur. Le CIRC (IARC en anglais), est effectivement une agence intergouvernementale de recherche sur le cancer, créée en 1965 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), institution des Nations Unies. Agence que l’on ne peut pas accuser de casser du sucre sur le dos des industriels de manière intempestive, loin de là.

L’OMS classe les produits qu’elle évalue en 5 catégories différentes. La catégorie 1 regroupe tous les cancérogènes avérés avec certitude. Le glyphosate est dans la catégorie 2A, catégorie où l’on classe tous les produits présentant des indices concordants de sa cancérogénicité pour l’homme et des preuves suffisantes de cancérogénicité expérimentale chez les animaux de laboratoire. Pour être clair, on est presque sûr à 100 % que c’est vraiment pas bon. La seule réserve concerne le fait qu’aucune recherche approfondie n’a encore été effectuée sur l’Homme.

Photo d’illustration iStock

Sachant que certains organismes avaient déjà classé, dès 1985, ce produit comme « cancérogène possible », cela laisse rêveur quant à la réaction des pouvoirs publics à ce sujet. On a bien de fortes suspicions de dangerosité. Mais on ne fait rien. Aucune étude épidémiologique, aucun suivi de populations à risque (agriculteurs par exemple), rien. Et le principe de précaution alors ? On l’a perdu en route, désolé !

Le problème, c’est que le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde, et dans de très nombreux domaines. L’agriculture, notamment depuis la mise en place d’OGM résistants au glyphosate, la sylviculture, mais aussi dans les villes et nos jardins particuliers. En France, 60% de ses ventes se font auprès d’une clientèle de particuliers, selon le programme AGRICE (Agriculture pour la Chimie et l’Energie) qui est un partenaire de l’ADEME, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. Il a pu être détecté dans l’air, dans l’eau et bien évidemment dans nos aliments.

Plus inquiétant, alors que l’on connaît sa dangerosité depuis longtemps, l’Union Européenne a augmenté de 200 fois le taux résiduel maximum de glyphosate autorisé dans le soja, de 0,1 milligramme par kilogramme à 20 mg/kg en 1997, après que le soja Roundup® Ready manipulé génétiquement a été commercialisé en Europe (lire ici, ConsoGlobe Planetoscope, 2012). Autrement dit, la législation européenne s’est adaptée – comme souvent sous le poids des lobbys – aux exigences des grands industriels du secteur.Mais que disent les scientifiques à ce sujet ? Que des malformations ont été constatées chez les embryons injectés avec 2,03 mg/kg de glyphosate, et que le soja peut généralement contenir jusqu’à 17mg/kg de résidu de glyphosate(4). Bon, là, je ne comprends plus rien… ou alors j’ai raté une étape. Si quelqu’un comprend la logique, qu’il me le dise.

Evidemment il n’est absolument pas envisagé – pour l’instant – d’interdire la vente de glyphosate. Ce cas n’est ni isolé, ni nouveau. On peut raconter le même scénario avec l’Atrazine (phytosanitaire écotoxique et perturbateur endocrinien avéré), qui au final a été interdite de vente 30 ans après sa première mise sur le marché (2003 en France, 2007 en UE). Résultat : il y en a encore actuellement partout dans notre environnement, y compris dans l’eau.

La seule chose sensée à faire : arrêter d’utiliser ce genre de molécules. Au niveau national, c’est difficile d’avoir du poids, surtout quand l’on sait que le président de la FNSEA (principal syndicat agricole) a pour activité professionnelle, entre autres, la vente de produits phytosanitaires ou de biocarburants (et oui, certains agriculteurs font surtout du business, lire ici !). En revanche, au niveau local, et de manière personnelle, nous avons le pouvoir de décider. Il suffit de le voter en conseil municipal (des herbicides sont utilisés pour le traitement des voies piétonnières, mais aussi dans le parc de jeux près du foyer rural). Actuellement, sous la pression du Parc Naturel Régional du Vexin, nous allons devoir cesser d’utiliser ces produits (se reporter à l’article publié dans la feuille alternée n°1 (lire ici)). Pourquoi ne pas devancer ces initiatives, en demandant, à nouveau, la mise en place de la Commission Environnement qui devait être créée après la mise en place de la nouvelle équipe municipale, pour développer une vraie réflexion sur le sujet.

Le but est évidemment l’arrêt total de tout traitement phytosanitaire sur l’ensemble du territoire communal, et la mise en oeuvre de nouvelles pratiques, fondées sur des méthodes aussi ancestrales que modernes, qui ont fait leurs preuves.

Sébastien Charlemagne

(1) Fabrice Nicolino, « Rex Connard de chien de Monsanto », Charlie Hebdo n°1184, 1er avril2015.

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